23/07/2017 - Marathon de San Francisco - acte 2

Mon premier marathon, à San Francisco en 2014, était un défi pour dignement fêter mon passage à 40 ans. Je n'avais alors aucune intention d'en faire d'autres.
Mais l'envie de refaire cette course s'est très vite manifestée une fois le challenge relevé.
D'une part, parce que j'avais pris un plaisir immense à courir dans cette ville que j'aime beaucoup.
Et d'autre part, parce qu'avoir un temps référence (4h13) donne toujours envie de faire mieux.
Recourir à San Francisco est finalement toujours resté dans un coin de ma tête. 


San Francisco - 27/07/14


Cette année, le marathon de San Francisco fête sa 40ème édition.
Cette course avait fêté mes 40 ans, à mon tour de fêter les siens.
L'occasion était donc trop belle d'y participer.
Me voilà donc en 2017, de nouveau prêt à gravir ces longues rues droites et pentues.
Le contexte a cependant changé.
Fin 2014, j'ai subitement eu un gros mal de dos, au niveau des lombaires.
La pratique de la course à pieds n'y est probablement pas étrangère mais je ne la pense pas seule responsable.
C'est plutôt le cocktail de mauvaises habitudes de tous les jours (position assise prolongée devant un ordinateur, alimentation peu rigoureuse, pratique du sport sans filet,...) auxquelles s'ajoute une morphologie de base défaillante (scoliose).
Des séjours chez différents kinésithérapeutes n'ont pas solutionné le problème durablement et il a fallu que je cherche d'autres alternatives.
Tout d'abord, j'ai changé de bureau: que ce soit à la maison ou au travail, j'ai adopté un bureau-debout et je reste en quasi permanence debout devant l'écran de l'ordinateur.
Ce changement n'a pas effacé le mal de dos mais a considérablement atténué la douleur au quotidien.
Une douleur qui se faisait de plus en plus présente pendant et après mes séances de course à pieds et qui me donnait de moins en moins envie de courir.
Il y a un peu plus de trois mois, j'ai changé ma façon de courir et adopté une autre foulée moins contraignante pour le bas du dos avec une réception sur le médio pied et non plus sur le talon, ceci afin d'éviter de balancer de grosses décharges dans la colonne vertébrale.
Elle est plus naturelle car c'est celle que tout le monde pratique involontairement en courant pieds nus.
Il a fallu également que je change de paire de chaussures (sans surélévation du talon pour faciliter l'adaptation).
600km plus loin, je ne maitrise pas encore très bien la technique mais je ne ressens plus de douleurs en course et c'est bien là le principal.
Par contre, chevilles et mollets sont beaucoup plus exposés car ils sont en première ligne pour encaisser les chocs.
Tout changer en trois mois en préparant un marathon c'est court et à vouloir aller trop vite, j'ai fini par me blesser à un métatarse du pied gauche.
Tendinite, luxation, excroissance osseuse ? L'orteil est gonflé et je ne peux pas le plier complètement.
Mais il est trop tard et inutile de faire un diagnostic à quelques jours de la course.
Me voilà donc avec quelques doutes et un orteil en vrac.

Mercredi 19 juillet 2017
Jour J du départ.
Partir de la maison à 3h du matin pour prendre l'avion, c'est à la fois agréable (personne sur la route) et déconcertant (nuit quasi blanche).
Marseille-Amsterdam-San Francisco en 16h45, une belle journée de sédentaire en perspective.
Arrivée à l'hôtel vers 16h30, quelques minutes pour souffler et j'ai chaussé mes baskets pour un dernier entraînement d'une bonne heure (en France, il est 2h... du matin) avant de débuter la recharge glucidique (en gros,  gavage de pâtes et autres glucides) jusqu'au jour J.
On ne peut pas dire que je pète la forme. Rester assis aussi longtemps à manger des cochonneries dans l'avion n'a pas trop aidé.
Le soir comme prévu, double ration de pâtes (préparées la veille) en solo pendant que ces dames allaient manger au resto. Dur !


Vue de l'avion pour réviser le parcours de la course...



Jeudi 20 juillet 2017
Le décalage horaire fait son travail. 
J'ai les deux billes ouvertes à 2h du matin et un souci de digestion me fait comprendre que la recharge glucidique est quelque peu sabotée. 
J'essaie de rattraper le coup en mangeant le reste de pâtes au petit dej'.
Une bonne journée de marche et la fatigue me fait sauter le repas du soir alors qu'il faudrait que je continue le "gavage" dans les règles. 
Le plan alimentaire que je m'étais fixé risque de tourner au fiasco.

Vendredi 21 juillet 2017
C'est le jour d'ouverture de l'expo du marathon où s'effectue le retrait du dossard.
Comme j'ai oublié de mettre de la crème solaire, sur le trajet, j'ai eu le temps de prendre un beau coup de soleil sur le crâne. Ma tête ressemble donc à un gyrophare... 
Il y a beaucoup d'animation dans l'immense hangar situé sur un quai de la baie.
De nombreux exposants proposent de faire goûter leurs produits, offrent des boissons, des fruits, des échantillons...
Air France, un des sponsors de la course, est présente  et il est possible de gagner un voyage à Paris pour participer au marathon.
Bien entendu, je tente ma chance,  j'avais bien gagné une place pour celui de Düsseldorf (mais le voyage n'était pas inclus). 
L'ambiance est vraiment sympa et donne envie de s'attarder.
Du coup, le repas du midi s'est fait à... 16/17h (poulet teriyaki et riz) et forcément je n'avais pas faim le soir...








La dure vie du coureur...




Je suis caché sur ce tableau, me trouveras-tu ?





Samedi 22 juillet 2017
Le matin, je pars faire un footing de 30mn pour une ultime mise en jambe avant la course le lendemain.
La révolte gronde dans mon estomac, ce n'est pas de bon augure. J'ai aussi un peu la nausée.
Serait-ce l'eau très fraîche en carafe que j'ai bue la veille au resto ou simplement la trouille de me louper qui finit par se manifester ?
À J-1, ce n'est clairement pas le moment de se déshydrater et de "voir partir" tous ces précieux glucides que j'avais stockés depuis 3 jours.
Aujourd'hui pas de randonnées de folie et une alimentation sans risque.
Au déjeuner et au dîner, je troque les " Kids Butter Pasta" de mes filles (que je ne peux commander bien évidemment) contre des plats trop assaisonnés. Gagnant-gagnantes. 
Le soir c'est le repas du condamné alors je me permets une dernière volonté : une part de cheesecake triple chocolat. Après tout c'est plein de glucides !
Je peux alors partir courir en paix.





Dimanche 23 juillet 2017
Lever 3h45, le ventre gazouille un peu mais les velléités de mutinerie semblent peu probables (merci Smecta). Même si je ne me sens pas barbouillé comme la veille, je reste prudent et soucieux.
L'orteil handicapé ne me fait pas souffrir (merci Dafalgan et Voltarène).
Au petit dej', j'engloutis 6 muffins énergétiques aux myrtilles que j'avais préparés mardi.
Un truc digeste en une heure, idéal pour un départ de bonne heure (merci Gatosport).
Les derniers préparatifs se font dans un silence de cathédrale dans la salle de bain de la chambre pour ne pas réveiller mesdames: pansements aux endroits surexposés (pieds et tétons), épinglage du dossard sur le maillot, fixation sur la chaussure gauche de la puce qui va prendre mes temps de passage aux différents checkpoints.
Je n'oublie pas non plus de mettre ce bracelet en papier que je me suis fait avec mes temps de 2014 comme points de comparaison.
Finalement les filles se réveillent car elles veulent m'accompagner sur la ligne de départ située sur l'embarcadère à quelques centaines de mètres de l'hôtel.
L'affluence dans l'ascenseur me fait penser que je ne suis pas le seul à partir faire un petit footing de 42 bornes ce matin...
5h, il fait nuit. Mission St, l'artère principale, est peuplée de groupes de coureurs qui se dirigent silencieusement dans la gueule du loup.
Il ne fait pas spécialement chaud, comme la plupart du temps à San Francisco.
On arrive sur les lieux, les participants font la queue devant la trentaine de box servant de pipi-rooms.
Le premier départ est donné à 5h30 avec les cadors qui s'élancent sur une musique énergique.
Comme j'ai estimé mon temps à 4h lors de l'inscription, je suis dans la vague 4 (sur 7).
L'heure approche, dernier bisou aux filles et je m'en vais me parquer avec le reste du bétail dans l'enclos réservé. 
Le départ de la vague 3 est donné, toujours sur cette musique rock bien choisie.
C'est bientôt à nous, le jour commence à se lever.
On avance alors à petits pas vers la ligne. Certains se prennent en selfie avec l'immense foule et le pont qui mène à Oakland en arrière-plan.
5h52, c'est parti ! Le temps que tout ce petit monde démarre, il me faut une bonne minute avant d'atteindre la ligne et commencer à courir. Je déclenche le chrono sur ma montre GPS (merci Garmin). Bon ben, yapluca.





Les huit premiers kilomètres se courent sur le front de mer, Alcatraz n'a pas bougé, toujours là inerte tel un iceberg dans la baie.
Le Golden Gate Bridge, lui, se perd complètement au loin dans un brouillard très épais. C'est comme s'il n'y avait pas de pont.
La montée ardue qui mène à lui se fait silencieusement comme si les coureurs se préparaient à rencontrer sa Majesté (et aussi parce que c'est dur à ce moment-là...).
Peu avant d'y être, on entend les encouragements des spectateurs et on commence à croiser les cadors qui terminent leur aller-retour.
Le pont, lui, est toujours aussi enveloppé dans son épaisse couverture.
Les bateaux en contrebas sonnent la charge.
L'ambiance est magique, l'humidité est extrêmement élevée, il ne pleut pas mais le sol est mouillé et des micro-gouttelettes perlent sur mes avant-bras.
Les 6 voies du pont sont partagées entre les automobilistes d'un côté et les coureurs de l'autre.
Le passage reste assez étroit vu la masse de participants mais j'essaie de slalomer pour garder un rythme soutenu. À ce moment-là, la surexcitation est telle qu'on ne fait pas trop attention à son allure, on se laisse porter par l'euphorie d'être là tout simplement. Cette impression d'être surpuissant et immortel. J'avais ressenti la même chose la première fois. Une sensation formidable.
Une fois l'aller-retour effectué, je compare mon temps à celui de 2014, je suis en avance.
Une belle et longue côte nous attend avant de plonger vers le Golden Gate Park, l'immense parc de la ville.





C'est là que le 1er semi marathon se termine et que le second commence.
Une bonne dizaine de kilomètres est à courir dans ce magnifique espace vert.
En 2014, j'avais dû faire un stop-pipi urgent.
Pas de souci cette fois-ci mais je me suis fait une belle frayeur, avec ce doute de m'être trompé de route quand un volontaire indiquait oralement le chemin pour les "full on the left" et pour les "semi on the right".
Sauf qu'après quelques secondes, je ne vois que des maillots de semis sur la route et seulement quelques fulls. "On the left" pour moi ou pour lui ??? Un simple panneau "muet" aurait été plus "parlant".
Je demande quand même confirmation à trois autres coureurs que le chemin que j'ai emprunté est bel et bien le "full".
Un gros moment de flottement et la crainte de devoir faire demi tour et flinguer une moyenne horaire très satisfaisante jusque-là.
Au sortir du parc, il reste 12 kilomètres de longues lignes droites peu ombragées à parcourir, du quartier hippie au stade des Giants, l'équipe championne de baseball.
La fois précédente, j'avais logiquement un peu accusé le coup sur cette partie du parcours. Cette année, je me sens pousser des ailes, je suis largement en avance sur mon temps de référence et peux espérer passer sous les 4h au final.
La motivation décuple et ce n'est pas la gêne au doigt de pied qui va me ralentir.
Je donne tout et savoure ces derniers kilomètres en regardant les gens sur le bord de la route encourager les participants et la police qui assure la circulation applaudir.
Certains panneaux me font presque rire ("Smile and remember you pay for that", "Keep going guys, beer is at the end", "Girls, Brad Pitt is on the line").
J'ai l'agréable surprise de croiser les filles dans une rue, venues m'encourager.
"J'ai la pêche, la super pêche", comme dirait l'autre.
À moins de 3km de la fin, j'aperçois les meneurs d'allure à 3h55 deux cents mètres devant moi. Si je juge mon temps à ce moment-là, ils sont largement en avance.
Au moment de les doubler l'une d'eux loupe son virage en glissant et se ramasse sur le bitume. Le stade ancré au bord de mer et le pont qui mène à Oakland sont alors à vue.
Je regarde ma montre, je peux espérer arriver en 3h45, j'ai du mal à réaliser mais j'ai tellement avaler de kilomètres pour ça. 
Finalement, j'exulte et lève les bras au moment de franchir la ligne après 3h43 de course.
Je ne suis pas loin d'assommer mon voisin dont j'ai dû flinguer la phot-finish.
Je suis heureux et soulagé, tout s'est bien passé.
Je récupère mes deux médailles, fais un petit tour dans le "village de la course" et nous rentrons à l'hôtel pour constater les dégâts aux pieds et surtout prendre une bonne douche.
Les trois semaines de vacances peuvent enfin commencer !

























26/04/15 - Marathon de Düsseldorf





25/07/2014
Je me rends, en famille, à l'exposition organisée à l'occasion du marathon de San Francisco afin de retirer mon sac de participant à la course.
C'est aussi l'occasion de visiter les différents stands où se mêlent équipements de running, produits alimentaires pour sportifs, associations caritatives etc...
Un stand est tenu par les organisateurs du marathon de Düsseldorf en Allemagne; là, les visiteurs sont conviés à participer à un tirage au sort pour gagner une place à la course.
"Madame" finit de me convaincre de tenter ma chance arguant que l'on ferait la course ensemble si tous les deux étaient gagnants. Après tout, ça ne coûte rien.


20/10/2014
Nous recevons tous les deux, par mail, une invitation sous forme de code, valable jusqu'à la fin février 2015 à entrer sur le site d'inscription du marathon de Düsseldorf qui aura lieu le 26/04/2015.


01/02/2015
En période creuse d'entraînement, je ne peux me défiler devant l'opportunité de recourir un marathon alors je décide de confirmer mon inscription au marathon pour me donner un coup de fouet.
"Madame" doit déclarer forfait, de son côté, à cause de douleurs dorsales persistantes.
Le billet d'avion et la chambre d'hôtel sont réservés 10 jours plus tard.


24/04/2015
C'est donc en solo que je débarque à Düsseldorf.
L'Allemagne est, grosso modo, à moins de 3h00 d'avion de Toulon et pourtant ce fut bien plus compliqué d'y aller que de se rendre à San Francisco, 9500 kms plus loin : marche, bus, avion, navette pour changer de terminal, car pour changer d'aéroport, métro... j'ai eu droit à tout un panaché de transports dont je me serais bien passé 10 heures durant.
Une fois à l'hôtel, j'ai vite pu me rendre compte, sans trop de surprise, que des coureurs y logeaient, notamment des russes arrivés en même temps que moi.


25/04/2015
Ce samedi matin, décrassage léger de 5 kms sous la pluie, histoire de rafraîchir la mémoire à des gambettes "reposées" depuis mercredi. L'après-midi, ballades dans le centre-ville, galeries marchandes et espaces verts. Düsseldorf est une jolie ville alliant architectures modernes et bâtiments anciens.
Mais la journée est surtout marquée par le retrait de mon dossard à l'exposition d'avant course où je vais également acheter le tee-shirt de l'événement.
Beaucoup d'exposants représentent les marathons européens mais il n'y a pas de concours pour gagner une entrée.
Le soir, dernière belle gamelle de pâtes à avaler. Une fois la course terminée, quel plaisir de remanger des légumes après un tel régime hyper glucidique (que des féculents depuis mercredi soir) !







les organisateurs se sont emmêlés le parcours...


26/04/2015 : "Tag-T", nous y sommes !


Le mal de dos du matin, amplifié par une literie trop molle, m'oblige à faire quelques exercices (rien de pire que de courir comme un piquet avec un dos tendu).
Petit dej' très sucré mais digeste et hop ! on est parti.
Des pluies éparses sont annoncées depuis quelques jours, le sol est mouillé mais la couverture nuageuse retient ses pleurs pour le moment. Il ne fait pas bien chaud mais le temps est appréciable pour courir.
Au point de rendez-vous, la foule est présente à 8h30, 30 minutes avant le départ; certains sont concentrés et s'échauffent avec sérieux pendant que d'autres plaisantent.
Les files d'attente devant les toilettes mobiles commencent à s'allonger et à 8h45, je décide de prendre mon ticket en espérant ne pas avoir l'envie d'y retourner au bout de 5 kms comme à San Francisco où j'avais dû faire un arrêt prolongé "aux stands" à mi-course.

9h00, le départ du marathon est donné !
Pas de vagues de départ cette fois-ci, tout le monde part en même temps en respectant néanmoins un code couleur: les pastilles rouges sur le dossard (temps de course auto-estimé à 2h30/2h59) sont en tête, suivies des bleues (3h00/3h29), des noires (3h30/3h59) puis des vertes (4h00/4h29, j'en suis) et enfin des blanches (plus de 4h30).
Les premiers pas se font en marchant puis s'accélèrent progressivement à l'approche de la ligne de départ où je déclenche le chrono de ma montre.
Les habitants sont là tout le long de la grande avenue pour encourager ce petit monde encore tout exalté et insouciant; les premières centaines de mètres, ça rigole, ça discute et ça se déleste déjà derrière un buisson, un arbre, un spectateur... non pas un spectateur, du trop plein de liquide avalé quelques minutes avant. Le peloton est bien groupé mais commence à s'étirer.

Arrivé au km 10, en fin de traversée du grand pont de la ville, on croise les ténors de la course qui déboulent déjà à sens inverse. Vu leur allure, on ne fait pas les marioles, certains applaudissent même. "Oh oh, gardez un peu de dignité et ne vous abaissez pas ça, on va finir par les rattraper... dans 30 kms..." Au km 18, on retraverse le pont pour plonger dans le centre et on croise à notre tour de nombreux coureurs. Ça rassure un peu.

Le monde est toujours très présent tout au long du parcours et fait du bruit, applaudit, encourage (ça aide d'avoir son prénom inscrit sur son dossard); les enfants tendent un bras pour qu'on leur tape dans la main, j'essaie de ne pas en louper une seule, je trouve ça tellement sympa cette communion avec le public.
Les gens regardent aussi la course de leur balcon ou de leurs fenêtres, certains ont mis la sono à fond (ceux qui voulaient dormir ce dimanche matin en ont pour leur compte), l'ambiance est très festive.
Les virages bondés de monde donnent de vrais coups de pied au cul alors que les rares portions désertes et silencieuses rappellent ces longues sorties parfois insipides dans la nature qu'il a fallu avaler pour en arriver là.





Les ravitaillements sont postés tous les 5 kms avec des postes en eau tous les 3 kms.
Je tâche de m'arrêter 2/3 secondes à chacun d'eux pour boire convenablement.
Pour passer le temps et jauger mon allure, je choisis un coureur, 100 mètres devant moi, reconnaissable par son équipement coloré. Je compare régulièrement mes temps intermédiaires au kilomètre indiqués sur la montre fixé sur mon poignet gauche avec les temps de référence pour une course en 4h00 inscrits sur un bracelet en papier enroulés autour de mon poignet droit. Avec du recul, je calcule un peu trop.

Les kilomètres défilent et à part une légère baisse de régime au km 24, tout roule.
Le mal de dos est derrière moi, les ampoules aux pieds semblent en veilleuse et les genoux ne se disloquent pas encore.
J'atteins le km 30, réputé pour être celui du "mur" (le mien arrive généralement au km 25 en entraînement) qui heurte le coureur une fois la réserve de glucogène épuisée; mais rien à l'horizon, probablement grâce à ces petites gommes à mâcher hyper sucrées que j'ai englouties vers le km 20 quand mes pensées commençaient à être diverties par ces fichus donuts offerts à l'arrivée.
Mon allure ne faiblit pas, je me sens bien, la confiance est là et forcément je pense aux 3h59.
Km 38, je me ravitaille une dernière fois pour essayer de donner le maximum dans le final.
Les 3 derniers kilomètres semblent durer une éternité; je pense davantage à regarder ma montre que la route. J'espère parvenir à mon but, je m'étonne de doubler autant de coureurs (pas concurrents car nous sommes tous dans la même galère !).
L'arrivée est au bout de la dernière boucle, la perspective est trompeuse, il reste des centaines de mètres à courir. Les secondes dégoulinent et ma montre finit par me raisonner, je n'arriverai pas sous les 4 heures.
À 500 mètres de la ligne environ, je double un coureur végétarien (c'est inscrit sur son maillot) et n'ai pu m'empêcher d'avoir cette pensée ironique : "ce sont les filets de poulet que j'aime tant qui vont me donner la force nécessaire d'arriver avant".
C'est idiot mais après 42 bornes, on ne cherche plus à donner dans la finesse.
Je franchis la ligne les poings levés, je suis content d'avoir fini mon second marathon.
J'arrête le chrono de ma montre qui m'indique 04:00:24 pour 42,530 kms (ça fait du moins de 4h00 sur du 42,195 kms ça...)


sur la ligne


Je marche quelques mètres et une jeune allemande me décore d'une jolie médaille couleur argent.
Un coureur me tape dans la main, certains ont commencé les étirements post-course.
On marche 300 bons mètres avant d'arriver dans une enclos prévu pour les coureurs uniquement; on y trouve des toilettes mobiles et deux chapiteaux.
Dans l'un d'eux, pris d'assaut, se trouvent les tables de massage.
Je passe mon tour car... DONUUUTTS !!!!!!... chacun ses priorités, le naturel revient vite au galop.
Dans l'autre - Ô combien plus intéressant - le buffet où sont proposés à volonté bière, coca, bananes, barres de céréales et les fameux beignets à la confiture de fraise.
La bonne conscience n'a pas mot à dire, elle est allée faire un footing. Bien lui en fasse !
La mauvaise, elle,  me rappelle sans vergogne que j'ai perdu 3245 calories pendant cette course...

Dans un coin de la tente, il est possible de personnaliser sa médaille en faisant graver sur son dos son nom et le temps accompli; c'est l'occasion de connaître son temps officiel, le verdict tombe : 04:00:20. Next !
Dernier tour au buffet (je ne résiste pas aux cris stridents des donuts) et je reprends la route, alternant courses et marches, direction l'hôtel pour une bonne douche.
Les pieds n'ont pas trop souffert; seul l'ongle du gros orteil droit tend à se noircir mais un coup d'aiguille désinfectée pour crever l'ampoule qui s'y cache derrière m'évitera de le perdre.
Une fois propre, je suis retourné dans le vieux centre profiter encore de la bonne ambiance.


pas très diététique mais il fallait bien que je goûte à une spécialité locale !


Ce marathon de Düsseldorf a été une très bonne expérience, très enrichissante.
Le fait d'avoir fini la course en bon état et mes temps intermédiaires (je fais quasiment le même temps sur les deux moitiés du parcours) me laissent penser que je peux encore progresser.
À condition d'oser prendre davantage de risques... facile à dire.
Je pense déjà à la prochaine course que je compte préparer sérieusement.
Ce sera probablement le marathon de Los Angeles en février 2016.


27/04/2015
Je repars vers la France avec tout le tralala de correspondances "métro/bus/avion/navettes" qui m'attend. Finalement, l'épreuve la plus pénible du week-end, c'était bien celle-là !






FINISHER !!!

C'est avec une grande fierté que j'ai atteint mon objectif de terminer le marathon de San Francisco dans le temps imparti (6 heures) pour obtenir la médaille du "finisseur". Le résultat que j'ai obtenu va même au-delà de mes espérances puisque je boucle les 42,195 kms en 4h13.
Cette performance - qui est loin de celle des meilleurs tout de même (le 1er termine à 2h32) - me classe
  • 2128/6587 classés au général,
  • 1668/4287 chez les hommes,
  • 228/613 dans ma tranche d'age 40/44 ans,
  • 13/33 chez les français classés
Autant dire que je ne m'attendais pas à un tel résultat pour cette première expérience.

Quand j'ai quitté l’hôtel ce matin vers 4h45, il faisait nuit noire.
Il régnait une certaine euphorie dans les rues peuplées des coureurs qui se rendaient dans la zone de départ. On voyait que ce marathon était avant tout une fête pour beaucoup.

Au moment de mon inscription il y a près d'un an, je devais préciser un temps référence.
A l'époque, je n'en avais aucune idée car je n'avais jamais couru plus de 15 kms et j'avais alors indiqué 4h00, me donnant une grosse marge de progression.
Ce temps référence servait de base aux organisateurs pour répartir les 9100 inscrits en 8 vagues de départ (10mn d'intervalle).
Ainsi, je me suis retrouvé en vague 3 pour un départ à 5h42 heure locale.
A l'approche de la course, j'avais trouvé ça très présomptueux de ma part, me voyant mal parmi les premiers partants. Mais la perspective de débuter au petit matin n’était pas forcément pour me déplaire puisque je gagnais du temps sur la chaleur.

Des WC mobiles avaient été installées aux abords de la zone pour permettre aux coureurs de se soulager avant le départ. Et je peux vous dire qu'il fallait "prendre un ticket" et faire la queue une bonne vingtaine de minutes avant de pouvoir faire son affaire.
Ça ne m'a pas empêché d'avoir de nouveau envie au bout de quelques kilomètres et j'ai dû refaire un arrêt aux stands à la mi-parcours. 








 



Quelques centaines de mètres après le départ, seul le bruit des pas sur la route raisonnait dans les rues. Les premiers encouragements des passants ont néanmoins vite été entendus et ce tout au long de la course. Certains avaient confectionné des pancartes humoristiques comme par exemple celle sur laquelle était inscrit "dépêchez vous les filles, Ryan Gosling est présent à l'arrivée !!!", d'autres jouaient du tambour ou applaudissaient au passage des coureurs. J'ai vu aussi des enfants sortir de leur maison en pyjamas pour donner de la voix. Et certains passants tendaient la main pour taper dans la nôtre.
Il y avait même des groupes de musiques tout au long du parcours pour donner du rythme à la foulée des participants.
Bref, c'était une fête de tous les instants dans les rues et j'ai énormément apprécié cette communion avec le public.

Le temps n'était pas forcément au beau fixe durant les deux premières heures de course et la température pas franchement très élevée mais ce n'était pas pour me déplaire puisque l'hydratation était plus facile à maitriser. Comme bien souvent à ces heures, il y avait du fog sur le Golden Gate Bridge.
La traversée aller-retour du pont était assez particulière car on partageait les quatre des cinq voies avec les voitures. On croisait aussi sur la file adjacente les coureurs partis avant ou après nous. C'était une bonne occasion de s'auto-encourager.

Les premières montées m'ont fait prendre conscience que toutes mes courses d'entrainement sur les hauteurs de Toulon (corniche, Mont Faron, Mont Caume) avaient porté leurs fruits car je n'éprouvais pas de grosse difficulté à rejoindre les sommets.
Le parcours était assez varié et demandait beaucoup de changements de rythme. En tout cas, quel plaisir de traverser ces quartiers si typiques.


dans le Golden Gate Park


une des douze zones de ravitaillement du parcours




Les dix derniers kilomètres ont été plus difficile, je commençais à avoir les jambes lourdes et les lignes droites qui s'offraient à nous semblaient interminables. D'ailleurs, j'en étais arrivé à ne doubler uniquement que ceux qui marchaient et je prenais souvent des courants d'air quand les autres me dépassaient...
Dans certaines descentes, mes genoux étaient très douloureux et j'ai souvent été contraint de ne pas trop forcer car je redoutais la blessure surtout si près du but.
En plus, il y avait très peu d'ombres dans cette zone industrielle, heureusement certains habitants du quartier avait la bonne idée d'arroser les coureurs à leur passage.

Le dernier mile qui faisait en fait 1,2... n'en finissait plus mais dès que la ligne d'arrivée était en point de mire, j'ai retrouvé un peu d'énergie pour gagner quelques secondes. Et là, j'ai laissé exploser ma joie.

Une petite collation, la médaille tant espérée autour du coup et je pouvais retrouver les miens.


la ligne vient d’être franchie, direction la médaille


mon Précieux !






sur un marathon, la bière c'est comme les WC, il faut "se battre" pour y accéder !!!




Je tire de cette expérience une énorme satisfaction et beaucoup de fierté.
Il y a peu c'était inenvisageable pour moi de réussir un tel défi.
Maintenant, je vais devoir réfléchir, même si j'ai encore le temps, à l'objectif que je vais pouvoir me donner pour mes 50 ans.
Mais avant ça, il est temps de récupérer et je compte bien me faire plaisir (mais pas trop quand même !).


une semaine sans légumes, je ne pouvais pas manger encore des pâtes pour ce premier repas post-marathon !!!


avant toute suspicion, je tiens à dire que je n'étais pas seul à faire la fête à ce pauvre sundae aux brownies...


Ainsi s'achève ce blog éphémère, merci de m'avoir suivi au cours de sept jours et maintenant place à quelques semaines de vacances !
 



 
  

Here we go !




Voilà, j'y suis enfin ! Depuis le temps que j'attendais ça ! Départ à 5h42 !

Avant de partir me présenter sur la ligne de départ, je voulais tous vous remercier de vos messages de soutien et de sympathie. Ça me touche beaucoup.

Pour conclure, je vais citer Pierre de Coubertin qui a déclaré sur son lit de mort, en train de siroter du Powerade : "Finalement, l'important c'est pas d'participer, c'est d'finir !" :p

J-1 : remise en route puis repos



Dernière répétition pour les jambes ce matin sur environ 5 kms au bord de la plage, en compagnie d'une bonne centaine de participants aux différentes courses de demain. Il y avait une bonne ambiance.





Comme j'étais sur place, je suis retourné ensuite à la Race Expo pour un dernier petit tour avant le grand jour et un peu de shopping.

Cet après-midi, c'était repos complet; j'en avais profité pour revoir le parcours et mémoriser quelques points de ravitaillement, préparer mon équipement mais aussi jouer et regarder la TV.

Une dernière fois des pâtes pour le repas de ce samedi soir... je frôle l'overdose mais il y a pire !!!






J-2 : The Race Expo

Samedi 2h20, ma nuit est finie depuis une bonne heure pendant que ma petite famille dort à poings fermés. Le décalage horaire fait son effet mais voyons les choses positivement, je n'arriverai pas en retard à la course demain...!

La journée d'hier a été une épreuve pour les pieds - rien d'étonnant à San Francisco - partagée entre des ballades dans le centre et du shopping, le matin...


Des pâtes, des pâtes, des pâtes... y a pas qu'ça dans la vie ! Il y a le Strawberry Short Cake aussi !


... et un "petit" tour à la Race Expo... tout l'après-midi. 





 
L'évènement se tient jusqu'à samedi au Fort Mason situé à 4 kms de l’hôtel.
Une navette gratuite est proposée pour se rendre sur les lieux.

L'exposition regroupe une cinquantaine de stands où sont présentés produits pour sportifs et oeuvres caritatives. Mais surtout il faut y retirer son sac de course avec dossard (bib) et un tee-shirt à manches longues gracieusement offert.

 






C'était aussi l'occasion de tester les gommes et boissons isotoniques qui seront dispos en course (pour ne pas avoir de mauvaises surprises gastriques le jour J...) mais aussi des chips low fat, des barres protéinées, des jus et glaces faits maison, etc...













Ma signature est perdue quelque part sur ce panneau dédié à la lutte contre la maladie de Parkinson


je ferai moins le malin dimanche...


Des points d'information sont répartis un peu partout dans le grand hall.
On a même la possibilité de s'inscrire pour le marathon de l'année prochaine... mais chaque chose en son temps !

Je vais tenter de me recoucher car dans moins de 5 heures a lieu le dernier entrainement d'avant course dirigé par Bart Yasso, une légende de la discipline.

See ya !